D’UNE LUMIERE L’AUTRE
avec le peintre ALAIN BESSE
Avec cette 7ème exposition à la Tour de Défense de Villemur-sur-Tarn, l’art pictural d’ALAIN BESSE offre un visage à la fois fidèle et sensiblement renouvelé. Fidèle à cet ascendant coloré fait de subtils passages, objet chez l’artiste de maintes recherches, fidèle à ces suggestions paysagères de rivages écumants, de contrées volcaniques, de vallons et de hauts plateaux où s’invite la clarté… fidèle surtout à cette poétique des Eléments chère à Bachelard, convoquant et mêlant l’Air, le Feu, la Terre et l’Eau. Mais renouvelée par des contrastes plus détonants, pris dans des compositions qui osent un certain déséquilibre des masses… mais renouvelée par un statut de la Lumière plus fulgurant encore dans son avènement.
Ainsi cet ensemble fait cohabiter diverses familles d’œuvres cheminant dans le temps : celles que nous qualifierions d’atmosphériques, vouées aux valeurs d’Air, qui trouvent à accomplir leur « zénitude » en des gris bleutés, animés d’écritures dendritiques… à rapprocher des toiles à musique qui travaillent avec maestria les correspondances baudelairiennes (« Aria » en serait un des fleurons, depuis sa tache carminée dont l’aura vient dialoguer avec tant de bleus cosmiques!) ; celles qui s’accordent au génie du lieu de temples sacrés et de cités mythiques (des latérites rouges d’Angkor à la splendeur froide et facettée de Samarkand, des tons peignés de « Syracuse » aux rutilances de « Machu Picchu » ou de « Héliopolis ») ; celles qui célèbrent dans la magnificence des divinités-femmes issues d’autres cultures et religions.
Après ces parcours de quiétudes célestes, d’évocations géo-poétiques et musicales, la peinture d’Alain Besse peut s’abandonner au feu chthonien qui transmue et régénère toute chose, traversé ici d’un aérolithe de pure émeraude, entonner son « Gloria », magnifiquement orchestré de rouges et jaunes, et rencontrer enfin le Buisson ardent de la Lumière révélée sur le chemin de l’Exode.
A une telle urgence, l’Informel peut alors se soumettre, modelant et modulant ses empreintes divinisées, pour l’étonnement des hommes.
Plus terrible sera la Beauté à venir !
Claude BARRÈRE, poète, octobre 2009